20 ans d'histoire
C’est en 2002 que le Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO) a été mandaté par le ministère de l’Éducation pour expérimenter, sous l’éclairage de la recherche universitaire, une approche inédite visant à enrichir l’environnement éducatif des écoles primaires et secondaires de milieux éloignés. Rappelons qu’à ce moment, la survie de nombreuses écoles rurales était menacée par la baisse démographique en région. L’initiative de l’École en réseau (ÉER) est ainsi née de la volonté de répondre rapidement et efficacement aux enjeux éducatifs vécus par les plus petites écoles où le sentiment d’isolement était souvent présent chez les enseignants et où les interactions entre élèves du même âge étaient réduites. L’apprentissage en réseau se distinguait alors de la formation à distance puisqu’elle suscitait l’engagement des élèves et les interactions entre les classes.
Ainsi, le modèle d’apprentissage en réseau mis de l’avant par l’équipe de recherche s’avérait précurseur puisqu’il visait le développement des compétences du 21e siècle en utilisant le numérique en classe pour faciliter les apprentissages à l’oral et à l’écrit. Dès lors, l’École en réseau s’appuyait sur des pratiques professionnelles avancées telle que la démarche d’investigation collective et de coélaboration.
De la petite école éloignée à un vaste réseau de petites écoles de tous les milieux
Les résultats positifs cumulés au cours des premières années de mise en œuvre de l’École en réseau ont mené celle-ci vers un déploiement plus vaste. Ces résultats issus de la recherche universitaire ont mis de l’avant des éléments clés qui se résument comme suit : l’acquisition de compétences numériques accrues chez les enseignants et les élèves, le rehaussement de la motivation des élèves, la rétention du personnel enseignant et le bris de l’isolement professionnel, l’enrichissement des expériences des élèves en classe, etc.
Dès le début des années 2000, le travail en réseau ouvrait ainsi la voie à ce que nous vivons aujourd’hui avec le déploiement massif des moyens de communication. Il est intéressant de constater que ce sont de petits milieux, souvent dévitalisés, qui ont ouvert ce chemin aujourd’hui emprunté par d'autres milieux.
Près de vingt ans plus tard, l’ambition initiale de l’École en réseau est plus que jamais pertinente alors que les outils numériques foisonnent et que le besoin « d’apprendre autrement » se fait nettement sentir. l'École en réseau vient donc appuyer les enseignants, les professionnels et bien sûr les élèves de petites écoles à l’usage d’outils prometteurs placés au cœur d’une démarche d’apprentissage qui a fait ses preuves.
Une approche en réseau au bénéfice de tous
De 2018 à 2023, l'École en réseau a été une mesure du Plan d’action numérique en éducation au Québec (la mesure 16). L'École en réseau offre aujourd’hui une infrastructure de réseautage numérique, pédagogique et humaine aux petites écoles de partout au Québec, urbaines et rurales; des activités interclasses clé en main, des collaborations avec des partenaires extrascolaires en réseau (p. ex. : musées, experts, artistes), des activités de développement professionnel, du soutien en temps réel à dbénéfiqueistance, etc. Des projets particuliers sont également offertsdont celui des brigades mini et maxi-tech. Ce projet invite les élèves à accroître leurs responsabilités quant à l’usage du numérique à l’école.
Le modèle de la classe en réseau : levier de développement professionnel et d’apprentissages en profondeur chez les élèves
L'École en réseau met de l’avant l’importance de la démarche d’investigation collective et de coélaboration pour des apprentissages durables en s’appuyant sur les principes du « Knowledge Building ». Pourtant inscrite dans le Programme de formation de l'école québécoise (PFEQ), la démarche d’investigation et de coélaboration constitue une pratique à développer davantage chez les enseignants. L’un des grands avantages de la classe en réseau est qu’elle facilite l’application de cette démarche par l’entremise d’outils numériques qui favorisent le développement des compétences à l’oral et à l’écrit.
Que ce soit avec la collaboration de partenaires externes comme un musée ou un expert, ou encore, au sein d’une activité réunissant deux ou plusieurs classes, l’ÉER facilite les apprentissages en profondeur lorsque la démarche d’investigation y est pratiquée avec les élèves. Des formules variées sont alors vécues par les classes, et ce, d’activités de courte durée à des activités étalées dans le temps.
Un modèle en trois volets
Coélaboration de connaissances et la progression du discours. Plusieurs personnes enseignantes concrétisent sur une base continue ces principes dans l’organisation des activités d’enseignement-apprentissage des élèves.
Volet 1 : La communauté d’apprentissage
Les classes participant à des activités de l’École en réseau travaillent en collaboration avec d’autres, s’engagent et s’entraident dans leur apprentissage sur des thématiques communes. L'École en réseau permet ainsi aux classes de se connecter virtuellement à une ou plusieurs classes. On dit alors que les classes « s’ouvrent l’une à l’autre ». Ce principe de base donne naissance à une communauté d’élèves et d’enseignants et devient par le fait même un nouvel environnement d’apprentissage.
Volet 2 : La coélaboration de connaissances
Les enseignants ont avantage à pratiquer la démarche d’investigation collective et la coélaboration chez leurs élèves. Ils peuvent le faire tant en classe que dans une activité en réseau avec d’autres classes. Cette démarche est reconnue à l’échelle mondiale comme levier pour faire apprendre plus en profondeur, et ce, dans toutes les matières.
La coélaboration chez les élèves permet de développer des compétences collaboratives plus poussées telles que : construire sur les idées d’autrui, interagir de façon constructive, synthétiser, négocier le sens, rechercher de l’information, expliquer aux autres, construire un savoir collectif, résoudre des problèmes complexes en collaboration, etc.
Volet 3 : La progression du discours
Les élèves et leurs interactions sont au cœur du modèle de l’École en réseau. C’est en multipliant les interactions de qualité entre les élèves, entre les élèves et les enseignants et entre ces derniers et des experts invités, que l’ÉER devient un terreau fertile aux apprentissages et à la réussite éducative.
Pour atteindre ses visées éducatives, le modèle ÉER s’appuie sur le processus itératif suivant : Les élèves partagent leurs observations, font un retour sur les échanges tenus précédemment, réfléchissent en collaboration et approfondissent leurs idées. L’évaluation s’effectue ainsi dans un souci d’amélioration des apprentissages, et ce, tout en permettant aux élèves d’agir à titre de maîtres d’œuvre de leur réussite.